Dispositif artistique au sujet de nos libertés et de l’œuvre de Gustave Courbet.

Un conte construit et imaginé à partir de l’oeuvre de Gustave Courbet « La pauvresse de village ». La réalité sociale est parfois cruelle, silencieuse, tellement plus obscène qu’une caricature en papier.

Le Théâtre, même très modeste, se doit de tenter de l’énoncer, sans gravité excessive, pour que surgissent les solidarités naturelles inhérentes à nos humanités, voilà notre but.

Spectacle présenté dans le cadre du festival Ah Gla Gla.

Écriture / Jeu : Philippe Cormery
Mise en scène : Claire Mallet, François Lacot
Bande son : Richard François

Un spectacle théâtral participatif, sous forme de conte poétique

Sortant de son tableau La Pauvresse de village entre en relation avec son créateur, rendant ainsi sensible, incarné, le dialogue de l’artiste avec son art.

Ainsi se dessine sous nos yeux, dans un texte traversé de musique, chansons, images parfois rudes et de paroles fortes ou émouvantes, un pan de la légende d’un Courbet « réaliste » au sens où il se dit « ami sincère de la vérité », volontiers bourru, tonitruant, provocateur, imprégné de l’utopie socialiste de son temps sans rien renier pourtant de sa liberté ; un naïf « paysan comtois », comme il aimait à se revendiquer, dont l’art serait capable de transformer le monde et peut-être le regard posé sur les femmes.

Transgressive cette peinture ? Mais c’est pour mieux exhausser la voluptueuse et libre beauté des femmes à la dignité de puissant antidote à la mort triviale, douloureuse et misérable.

Le spectacle chemine à travers quelques-unes des œuvres majeures de Courbet sur les pentes abruptes de la vie pour nous conduire à l’évocation mélancolique de l’exil ­dû à la participation du peintre à la Commune de Paris — un exil, hélas , définitif. C’est que cet homme, comme l’a écrit son ami Jules Vallès, le jour où il fallait choisir, s’est trouvé inévitablement « du côté où il y a[vait] le travail, la misère et les pavés ».

« Quand nous chanterons le temps des cerises »

François Lacot, agrégé de lettres classiques

Aperçu du conte "La liberté est un exil" Aperçu du conte "La liberté est un exil" Aperçu du conte "La liberté est un exil"

 

Article de l’Est Républicain, du 24/03/2014, par Eric Daviatte

La Pauvresse, Courbet et puis, nous

Le théâtre des sources de Nans-sous-Sainte-Anne poursuit son travail autour de la figure de Courbet. Et ce, grâce à un conte participatif autour d’un oeuvre du peintre « La Pauvresse de village ».

On pourrait considérer cette proposition comme le pendant à l’exposition de caricatures autour de « L’Origine du monde », intitulée « L’Origine avec du poil autour » qui se poursuit toujours au Théâtre de Nans-sous-Sainte-Anne.

Mais « La Liberté est un exil », le nom du conte signé Philippe Cormery, est surtout un regard apporté à la condition féminine, sociale et économique des femmes. « Et à travers tout un chacun. »

Sept kilomètres pour un chantier

«La Pauvresse de village », devant sa chaumière avec chien et enfant portant un lourd fagot de bois, a inspiré Philippe Cormery « La réalité sociale est parfois cruelle, silencieuse, tellement plus obscène qu’une caricature en papier », témoigne l’auteur qui est aussi le directeur du théâtre. « Notre structure même modeste, se doit de tenter de l’énoncer, sans gravité excessive, pour que surgissent les solidarités naturelles inhérentes à nos humanités. Voilà, tout. »

Voilà tout ? Pas vraiment. Car, fidèle à sa conception du partage philippe Cormery invite chacun à témoigner. Il pose la question : « Si nous vous donnions un arbre de la liberté, vous le planteriez où? ». La réponse est à écrire dans le livre d’or du théâtre. Heu, pardon, l’arbre d’or.

Pour savoir où planter un arbre, encore faut-il être sensibilisé à la nature. Ici aussi, le Théâtre des Sources a la solution, proposant comme avant-propos une randonnée de sept kilomètres, le sentier Beauquier devenu sentier Courbet. Grottes et sources se dévoilent. Et rappellent ce que l’on appelle maintenant les tableaux vaginaux. Les cavités s’offrent se dérobent.

Envie d’un pack ? Alors, dès aujourd’hui, prenez le chemin de Nans-sous-Sainte-Anne. Savourez l’exposition de caricatures, découvrez quelques pépites comme un superbe texte de Christian Dotal autour de « L’Origine du monde. » Dès 15h, partez vous balader, assistez au conte à 18h30 et témoignez.

Voilà pour le pack. Mais Philippe Cormery le précise, n’y voyez aucun merchandising. « La culture se doit d’être aussi un outil de démocratie. C’est ce que nous proposons en écho à Courbet. » Dans une lettre aux artistes de Paris, datée du 18 mars 1871, l’illustre d’Ornans écrivait : « Aujourd’hui que la démocratie doit présider à toute chose, il serait illogique que l’art, qui donne au monde l’initiative, restât en retard dans la révolution qui s’opère en France à cette heure ».

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