Haute surveillance de Jean Genet, une création du Collectif du Terrier

C’est l’histoire de trois détenus dans une cellule de prison pas comme les autres, où les mots et l’architecture sont semblables à celle d’un rêve: Yeux verts, vingt-deux ans, le bel assassin; Jules Lefranc, vingt-trois ans, voleur obscur et mystérieux; et Maurice, dix-sept ans, petit criminel vouant tout aussi bien une passion à Yeux-verts qu’une aversion pour Lefranc.
Dans cette ambiance étrangement inquiétante, le désir et l’enfermement semblent recouvrir une forme mystique et poétique. Le désir semblant se vivre par la magie mystérieuse de l’imagination, l’enfermement s’ouvrant quant à lui vers d’infinis horizons.

Mise en scène: Boris Olivier
Dramaturgie: Boris Olivier, Eve Louisa Oppo
Scénographie: Boris Olivier, Raphaël Van Keulen
Directeur de la photographie: Aurélien Mélior
Interprétation: François Binon, Nathan Fourquet-Dubart, Nelson Lizé, Raphaël Van Keulen

Représentations: 28, 29, 30 juillet 2014 au Théâtre des Sources à Nans-sous-Sainte-Anne (France)
Remerciements: Philippe Cormery , Patrick Mélior

Ce spectacle est présenté à l’issue de la résidence du Collectif du Terrier, du 7 au 30 juillet 2014, au Théâtre des Sources.

Article de l’Est Républicain, du 21/07/2014, par Eric Daviatte

L’enfermement et son contraire

Le théâtre des Sources de Nans-sous-Sainte-Anne poursuit son compagnonnage avec de jeunes comédiens venus de Belgique. Pourquoi des artistes venus du plat pays ? Tout simplement parce que Philippe Cormery, le directeur du théâtre, avait assuré des cours au conservatoire de Besançon. Et que, dans sa classe, il avait eu deux élèves partis ensuite pour la Belgique. Boris Olivier rejoignait alors Bruxelles et son conservatoire national. Raphaël van Keulen partait pour l’Esact de Liège.

L’an dernier, ces artistes s’étaient associés à un vidéaste, Aurélien Mélior. Ensemble, ils avaient créé le collectif du Terrier. Et avaient proposé « A travers les pierres », dessinant l’aventure de trois troglodytes s’interrogeant sur une éventuelle remontée à la surface.

Cette année, la question de l’enfermement demeure puisque Boris Olivier met en scène Raphaël van Keulen et trois autres comédiens dans « Haute Surveillance » de Jean Genet. L’action se passe dans une prison et propose un terrible huis clos, entre haine et séduction. « Jean Genet disait qu’il fallait aller chercher ce qui se cachait derrière ce qu’il disait », explique Boris Olivier. « Quand j’ai travaillé sur la dramaturgie, je suis parti de la proximité qu’il y avait entre Genet et le philosophe Jean Derrida, le fondateur de la déconstruction. Il y a dans l’ oeuvre de Genet une volonté de montrer que derrière ce qui peut paraître opposé, le bien – le mal. le beau – le laid, il y a imbrication. Jean Genet peut mettre en parallèle le mot détruire avec le mot étreinte. »

Du coup, l’enfermement peut apparaître comme une ouverture au monde. Dans « Haute Surveillance », il est question d’une Guyane rêvée. « Le cadre du théâtre des Sources apparaît du coup comme idéal », explique Boris Olivier. « Nans est un village isolé, son théâtre aussi. Et il s’ouvre sur la nature, un ailleurs comme un rêve. On peut même faire un parallèle avec le théâtre de Bussang qui s’ouvre sur la nature, le mystérieux. »

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